Gueuze Girardin noire

22 août 2013

Bonjour à tous. En ce moment, je teste beaucoup de bières à fermentation spontanée. Ma connaissance de ce type de bière étant relativement limitée, je goute plein de choses différentes. Et, parmi celles qui m’ont marquées, j’ai décidé de m’arrêter sur la brasserie Girardin. Cependant un choix cornélien s’offrait à moi : le faro ou la gueuze ? J’ai fini par choisir la gueuze.

Quelques petites choses à savoir

La brasserie Girardin est implantée en Belgique depuis 1882. Elle est particulièrement connue pour ses travaux sur les lambics, mais aussi pour ses limonades. Tout est fait à l’ancienne chez Girardin, pendant longtemps les champs autour de la brasserie servaient à produire de quoi fabriquer leurs différentes bières. Depuis que les petites malteries n’existent plus, ils sont obligés de vendre leur orge pour racheter du malt d’orge (les quantités produites étant trop petites pour faire l’objet d’un maltage particulier). Bref, on fait de la bière depuis quatre générations à Girardin, on le fait bien, et il n’y a pas de raison que ça change. D’ailleurs leurs bières sont, pour les amateurs de fermentation spontanée, parmi les meilleures du monde.

Que peut-on dire sur ce type de bière ? De nombreux brasseurs vous dirons qu’ils n’y comprennent rien. Pour eux, cela représente un peu tout ce qu’il faut éviter quand on brasse de la bière. Normalement, quand on brasse, on utilise de la levure pour fermenter la bière. Dans le cas d’une fermentation spontanée, on laisse faire la nature. Cela relève vraiment du domaine du génie de pouvoir maîtriser à ce point un produit et de frôler l’excellence année après année avec autant de paramètres hasardeux. Mais quand c’est bien fait, on obtient des bières incomparables. Les saveurs sont souvent surprenantes et assez improbables. Bref, la spontanée est réellement un monde à part dans la bière.

Nez & visuel

À l’ouverture, les premières odeurs s’échappent de la bouteille, laissant deviner des saveurs de pommes, de sucre. Ça sent bon.

Une fois versée, elle se laisse découvrir, et on tombe rapidement sous le charme de cette robe bien dorée, presque cuivrée. La gazéification a l’air très vive, créant rapidement un collet très important, qui redescend aussi vite qu’il est monté, mais laisse quand même une belle mousse d’un bon centimètre de hauteur qui, elle, restera assez longtemps. D’un blanc très franc, le tableau est très réussi.

En se replongeant dedans, on retombe sur les saveurs pommes évoquées plus haut. Par contre le sucre est beaucoup moins présent et laisse place à une acidité au nez caractéristique de ce type de bière. Et puis une odeur que je ne saurais réellement définir, que l’on retrouve souvent dans les fermentations spontanées. Cette odeur vraiment typique peut en déranger certains. Pas moi.

En bouche

Enfin le temps de la goûter. Première gorgée… Wahou… C’est acide, mais pas dans le mauvais sens du terme, on sent la maîtrise derrière, c’est une acidité travaillée, c’est surprenant. La pomme est présente tout au long de la dégustation. L’attaque est très fraîche, très agréable, puis c’est l’explosion. Les saveurs d’agrumes et de groseille se mélangent dans la bouche, c’est succulent. On a un peu l’impression de croquer dans un fruit plein de jus. En fin de bouche, elle développe un côté un peu âpre qui l’étoffe encore. Et plus on la laissera s’ouvrir, plus le pamplemousse rose ressortira. C’est vraiment une bière hors du commun. Maintenant les vrais amateurs de gueuze vous dirons de consommer votre bière à une dizaine de degrés. À mon avis, il est vrai que la consommer trop fraiche serait la gâcher, mais disons que 8° me semble un bon compromis. Si vous la dégustez tranquillement, elle aura de toute façon le temps de se réchauffer et vous ferez le constat par vous-même.

Pour accompagner

Pour accompagner cette bière, je vous conseille la recette de ce lundi, le sauté de veau au Faro Boon. Les acides de la bière et les saveurs agrumes viendront compléter à merveille ce plat bien fruité et plein de saveurs. Mais personnellement j’aime par-dessus tout boire une bonne gueuze à l’apéritif. C’est léger, fruité, et ça se suffit presque à soi en termes de saveurs. Mais je vous laisse seul juge.

Voilà donc pour cette gueuze. Et quelle gueuze… Une merveille. C’est une vrai claque, surtout quand on ne connaît que le Faro de Lindemanns, ou un autre lambic de grande surface. Là on rentre dans un autre monde, une autre catégorie. C’est la cour des grands, le grand « brassin ». Bref, c’est bon.

100/100